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"Le mystère de la chambre en T" : La genèse

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"Le mystère de la chambre en T" : La genèse

Le mystère de la chambre en T le texte de la pièce de théâtre de Marc Bélouis écrite en 2016, diffusée en 20 épisodes pendant un mois sur Humanvibes a pour décor un escape game. Mais comment lui est venu l’idée de placer son histoire dans ce cadre original ?

Marc Bélouis / Humanvibes

Marc Bélouis - Crédit photo © Marylou

Bonjour, pouvez-vous nous dire ce qui vous a déterminé à écrire cette pièce de théâtre ?

C’est en voyant un collègue qui jouait une pièce de théâtre en 2016 avec des ami.es que j'avais trouvé excellente, que j’ai pensé écrire ma première pièce pour eux. Après l’avoir écrite, malheureusement quelques-uns ont dû quitter la France pour raisons professionnelles et cela n’a pas pu se faire. Je trouvais excitant d’écrire en ayant déjà des personnages en tête, et de les faire évoluer dans le cadre d’un escape game. Je suis amateur de théâtre, j’ai eu l’occasion d’en faire par le passé et j'ai même créé une troupe dans la société pour laquelle je travaillais ! Collaborant avec la revue Théâtres & Spectacles de Paris à travers des interviews d’artistes, je voulais faire un clin d’œil aux spectacles vivants qui sont à l’arrêt depuis mi-mars, en diffusant en 20 épisodes le texte de ma pièce sur mon site et les réseaux sociaux, avec le titre "Au théâtre ce jour".

Et donc cette pièce s’est déjà jouée ?

Non pas à ma connaissance...Le texte a été transmis en Espagne, bientôt en Belgique et aussi diffusé un peu autour de moi. Peut-être que la pièce a été jouée, mais alors je ne suis pas encore au courant ! On peut me contacter bien sûr si quelqu’un est intéressé. Mon but, en dehors de l’exercice de création qui a été passionnant, est qu’elle puisse se jouer bien évidemment sur scène ou adaptée en court métrage. Donc je lance un appel par l'intermédiaire de Humanvibes aux metteurs en scène chevronnés, et ceux en herbe ! [Rires.] C’est la dernière version du texte, car j'ai apporté quelques modifications parfois avant les mises en ligne.

Il faut dire que le lieu et le thème de votre pièce sont assez innovants !

Oui ! Cela l’était en 2016, je pense que c'est encore le cas maintenant, l'escape game est toujours d'actualité. L’essor pris par cette distraction est gigantesque ! Je trouvais que ce lieu était un parfait terrain de jeu théâtral, assez vaste pour que l’on écrive sur le sujet en creusant les situations et les caractères des personnages.

C’est vrai que l’on s’y croirait ! Vous avez déjà participé à ce type de jeu ?

Absolument ! J’en ai déjà fait plusieurs, des amis autour de moi également, je savais donc comment cela se déroulait. En matière d’escape game il y a eu beaucoup d’évolutions depuis, notamment au niveau des effets, des scénarios, des lieux... De plus on en trouve maintenant qui se déroule à l’extérieur avec des comédiens, donc le panel est dorénavant assez large !

La trame de la pièce est au départ humoristique, mais devient plus sérieuse par la suite. Je résume. Un groupe de collègues et un ami, à l’invitation du personnage d’Henri, participent à un escape game, mais cela va tourner au cauchemar !

Oui, c’est cela, mais l'humour n'est jamais très loin ! Cependant, si Henri invite ses collègues, c’est dans un but bien précis. Il veut se faire remarquer par une nouvelle collaboratrice et il pense, que sa capacité à résoudre les problèmes et son charisme pendant le jeu vont l’aider, entre autre, dans sa conquête ! [Rires.] Ensuite j’ai aimé introduire un personnage qui est l’élément perturbateur de la pièce qui fait que les participants se posent des questions, surtout Damien. Est-ce que "La Gironde" fait partie du jeu ou non ? Comment le groupe va-t-il gérer cette situation ? Comment vont-ils s’entendre ?

Vous évoquez aussi à travers l’escape game, le monde du travail…

Je vois où voulez en venir, est-ce totalement autobiographique ? [Sourires.]

Oui, j’allais aussi vous poser la question !

Alors non, même si ce que dit le personnage d’Alice ressemble à des situations que j’ai effectivement vécues ! J’ai aussi repris des choses que j’ai vues, ou que des collègues ou amis m’ont racontées. D'un point de vue RH, il y aurait des choses à dire forcément, mais dans la pièce aucun des protagonistes ne travaillent dans ce service ! [Rires.] Je pense avoir évoqué ce à quoi on peut être confronté parfois dans le milieu professionnel à travers les différents personnages. Le regard d'Alice peut paraître sévère, mais elle est dans une situation de stress ou elle a l'occasion de dire ce qu'elle a sur le cœur à un moment clé de la pièce, parce qu'elle estime que l'on ne s'interesse pas à elle professionnellement. On sent chez elle son désir d'investissement et d'épanouissement au sein d'ImpecTechPro. Mais personne ne détient la vérité, peut-être n'est-elle pas exempte non plus de tous reproches, mais elle s'accroche. Elle est bien contente de trouver un soutien moral innatendu chez son collègue Maxime, qui laisse entrevoir chez lui plus de maturité qu'il n'y parait au premier abord. Damien, lui, est cynique et plus radical sur la façon de se comporter en entreprise, Henry est aux abonnés absent, il est touché par le monologue d'Alice et probablement se sent un peu coupable vis à vis d'elle. C'est le plus fragile de tous, il subit un choc psychologique après le dénouement. Pauline qui ne fait pas partie comme Damien d'ImpecTechPro se révèle en tant que meneuse d'hommes, elle gère plutôt bien cette situation.

Et vous même, quel a été votre parcours ?

J'ai passé 28 ans dans la même société d'investissement en exerçant différentes activités. Je suis arrivé dans la finance par hasard en 1986 dans un milieu difficile et exigeant et à l'arrivée j'y suis resté ! Cela m'a permis de vivre au plus près des krachs boursiers, de connaître la fameuse corbeille des agents de change, les marchés financiers à la criée, le market making, les cotations électroniques et le sales trading, puis la gestion de la base CRM, cela forge le caractère ! Il faut donc savoir s’adapter et progresser. Je suis également devenu journaliste web depuis fin 2013 par l'intermédiaire de mon site, par passion de l'écriture, la communication. J'ai vécu des choses extraordinaires, je suis parvenu à acquérir des compétences qui m'apportent de grandes satisfactions. Grâce au site Humanvibes, j'ai pu faire des rencontres inoubliables et devenir crédible en tant que journaliste vis à vis de toutes les personnes rencontrées. Quelque part, je me suis réinventé et j'encourage tout le monde a adopter cette démarche ! Donc j'ai un passé professionnel riche et hauts en couleurs...

Finalement, le travail, est-ce encore la santé comme le chantait Henri Salvador en 1965 ?

Bonne question ! [Rires.] Oui, cela y contribue... J’aime assez cette image que la notion de travail ressemble à une traversée de l’Atlantique avec des équipiers ou en solitaire, vous essuyez des tempêtes, ça remue fort par moment, vous naviguez en fonction de votre feeling ou d’indicateurs pour éviter de chavirer et dans le but d’arriver à bon port ! Par contre, nous n’avons pas tous le même type de bateau ! [Rires.] Mais en général vous avez aussi du beau temps et une mer calme, tout se passe bien, vous prenez plaisir à faire ce que vous faites, heureusement, je vous rassure !

Vous évoquez le fait que l’escape game peut-être une façon pour un service RH de tester ses collaborateurs, cela vous est-il déjà arrivé de vous trouver dans cette situation ?

J’ai déjà fait un escape game avec des collègues il y a quelques années et il était organisé par le CE. Par contre j’étais dans une équipe de 5 où se trouvait une personne de la RH, on peut alors se poser des questions... c’est vrai que c’est assez amusant de voir les réactions de chacun ! Il se peut que l’on soit tenté d’en faire une évaluation sérieuse, discrète ou pas. [Sourires.] Peut-on tirer des conclusions sur des participants d’un escape game ? Est-ce que l’on est soi-même ou pas dans cette situation ? Le débat reste ouvert…d’ailleurs je vous invite à (re)voir la très bonne série Dérapages de Ziad Doueiri avec Eric Cantona, produite par Mandarin Télévision qui est passée sur Arte récemment, elle même librement issue du roman de Pierre Lemaitre "Cadres noirs" en 2010 que j’ai lu. Le livre m'a enthousiasmé et m’avait intrigué car je savais que cela s'inspirait d'une réalité ! Il avait repris un fait divers d’une vraie-fausse prise d’otages commanditée par un cadre pour tester des collaborateurs ! C’est bien sûr un cas extrême d’un jeu de rôle que l'on pense inimaginable à penser et à organiser, nous sommes loin d'un escape game et de ses conséquences ! Et 2 millions de spectateurs sur Arte pour les 6 épisodes, cela prouve que les sujets liés aux méthodes de management et le chômage interpellent, c'est très rassurant ! [En 2005, organisé par un haut dirigeant de France Télévisons Publicité, il s’agissait de tester ses cadres sans les prévenir face à un grand stress avec la complicité d'anciens membres du GIGN, en organisant une prise d'otages fictive d'une heure. Voir les liens en bas de l'article qui relate les faits, avec une interview de Pierre Lemaitre et celle du réalisateur de Repérages Ziad Doueiri, le roman de Pierre Lemaitre a reçu le prix européen du polar du magazine Le Point. NDLR].

Et "La Gironde'' ? Elle est attachante, écorchée vive. Elle finit par passer de l’autre côté de la barrière...

Oui, cela m’a semblé intéressant de montrer que la violence d’un licenciement peut amener des gens à franchir une ligne jaune, mais en ce qui concerne "La Gironde" cela ne tourne pas à l’irréparable. Je n’ai rien inventé sur le choc que cela peut produire, on voit des exemples régulièrement dans les médias. Elle parle d'elle à la 3ème personne, comme si elle n'était plus elle-même, se sentant exclue de tout. Cette dualité entre le jeu et un personnage réel ou non que représente "La Gironde", fait que les participants hésitent continuellement dans leur conduite à tenir, ils ne savent pas quelle attitude adopter, la tension est palpable !

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Tout à fait ! J’ai profité de deux situations. L’une négative parce que je suis en recherche d’emploi depuis la mi-mars, ce n'est jamais simple surtout durant cette période et l’autre positive grâce, si je puis dire, au confinement que l’on nous impose pour finir d’écrire et finaliser ma seconde pièce de théâtre. J’ai bon espoir qu’elle soit jouée dans le futur...

Et elle s’intitule ?

La fête des voisins. Où comment un couple décide ne de pas participer à cette fête annuelle grâce à un stratagème qui va se retourner contre eux ! Là c’est une pure comédie, on nage dans le vaudeville ! Cela ressemble plus à un "stay at home game" qu’à un escape game, comme ce que l’on a vécu avec le confinement finalement ! [Rires.]

Merci à vous.

Merci !

Propos recueillis le 09/05/20

Et pour aller plus loin :

Interview du "Tac au Tac" de Marc Bélouis sur Humanvibes

http://www.humanvibes.com/content/interview-du-tac-au-tac-de-marc-belouis?ck=

La BD anniversaire de Humanvibes par Léa Hybre

http://www.humanvibes.com/content/une-aventure-nommee-humanvibes-1-5?ck=communication

L'article de Médiapart relatant la vraie-fausse prise d'otages chez France Télévisons Publicité en 2005, et l'interview de Pierre Lemaitre au sujet de son roman "Cadres noirs" s'inspirant de cette affaire

https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280510/france-televisions-publicite-quand-la-realite-i

L'interview du réalisateur de la série Repérages de Ziad Doueiri dans le magazine Première

http://www.premiere.fr/Series/News-Series/Derapages-Ziad-Doueiri--Malheureusement-je-ne-pense-pas-que-la-saison-2-verra-le-jour-

Bande annonce de la série Dérapages sur Arte de Ziad Doueiri avec Eric Cantona