Jardin d'inspiration médiéval de J.C. Barrandon. Photo JCB
Alors justement, comment se soigner?
Par les plantes évidemment ! Deux principales théories ont alors cours pour expliquer l’origine des maladies et leur traitement. La première, qui vient de l’antiquité, est la théorie des humeurs d’Hippocrate. La santé de l’homme est réglée par 4 humeurs : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire, auxquelles correspondent 4 éléments , ainsi que 4 qualités : le chaud, le sec, le froid et l’humide. Les maladies sont provoquées par des déséquilibres de ces humeurs. Les plantes sont classifiées selon ces qualités – par exemple l’absinthe est chaude, l’hysope est sèche et un peu chaude, la carotte est froide – et sont donc par exemple administrées en fonction des carences pour retrouver un bon équilibre.
La théorie des "signatures" ou des analogies, a été prônée par les Grecs, reprise par l’école de Salerne en Italie au Xème siècle,première école de médecine, et sera développée par Paracelse à la Renaissance. L’idée est que la ressemblance d’une partie de la plante avec un organe du corps humain indique une capacité à soigner cet organe. Par exemple, la pulmonaire avec ses taches sur les feuilles fait penser au poumon, elle sera prescrite pour les problèmes respiratoires …
…la noix ressemble au cerveau…
…et la graine de vipérine ressemble à une tête de vipère : on l’utilisera donc pour les morsures de serpent ! Ce qui est surprenant, c’est que, parfois cela fonctionne : par exemple, la pulmonaire vue plus haut contient des principes expectorants permettant d’aider au dégagement des voies respiratoires.
Lorsque les plantes sont utilisées seules – on parle de "simples" – comme une simple médecine. Evidemment, à cette époque on rencontre beaucoup de blessures avec les guerres, et les travaux rudes effectués sans aucune sécurité. Les plantes vulnéraires, propres à soigner les plaies sont très utilisées. L’Achillée, dont le nom vient d’Achille, qui aurait soigné avec cette plante ses compagnons blessés lors de la guerre de Troie, l’arnica, disponible en montagne. La consoude dont le nom est issu du latin "consolidare" est utilisée pour guérir les fractures et les plaies, également le plantain, herbe à tout faire pour les paysans.
Il est fréquent d’avoir besoin de se purger le corps : on utilisera les plantes amères comme l’absinthe ou le pissenlit littéralement "pisse en lit" pour ses propriétés diurétiques …
…pour les problèmes respiratoires on utilisera le Tussilage, l’aigremoine ou le bouillon-blanc …
Pour les problèmes de digestion, très répandus du fait de la mauvaise hygiène de vie, on fera appel aux propriétés de la coriandre, de l’estragon – qui s’appelle alors serpentine et qui arrive avec les croisades – de l’aneth – qui sera plus tard appelé "graine du temple" car les quakers en donnaient à mastiquer aux enfants pendant leurs interminables sermons. Le carvi, arrivé vers le 13ème siècle, connait un grand succès dans le nord de l’Europe. La gentiane est elle toujours utilisée pour ses propriétés apéritives …
A suivre…
J.C. Barrandon
Marc / Humanvibes