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Lettre à Philippe Geluck

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                                                                                    Lettre à Philippe Geluck

 

 Lettre à Philippe Geluck

Philippe Geluck et Le Chat

 

Cher Philippe Geluck,

C’est dans la douleur que je viens d’achever cette lettre, douleur que votre mère n’a pas connu en vous mettant au monde le 07/05/54, grâce à la fameuse méthode dite de l’accouchement sans douleur en tant que première belge, et qui vous a fait connaître médiatiquement dès votre naissance. En effet, racontez votre vie à nos lecteurs.trices de façon humoristique, c’est comme se risquer à expliquer à Napoléon comment bien jouer au jeu de société Stratego, de douter de la résolution du meurtre du Colonel Moutarde au Cluedo par l’inspecteur Colombo, ou de corriger Bernard Pivot au Scrabble. En un mot compte triple comme en cent : c’est culotté !

De culotte il en est question en 1971, car c’est dans les toilettes du 183 rue Belliard à Bruxelles que vous vous êtes exercé au dessin en y tenant un journal. Quand je dis tenir un journal, ce n’est pas l’exploit de l’avoir gardé dans vos mains, mais bien d’écrire et de dessiner sur les murs avec la complicité de votre frère. C’est là que vous vous apercevez que vous avez de l’or entre les mains, mais sans le sou vous décidez de faire visiter votre petit coin (je dis petit mais c’était peut-être très grand, qui sait ?) comme on visite un musée. Faire de l’argent dans vos toilettes, je reconnais là votre côté PQ-nier ! Petite parenthèse c’est grâce à cela que vous viendra bien plus tard l’idée d’ouvrir un musée du Chat (où plutôt que de conseiller d’y lire Thiers, la litière sera vivement recommandée).

Vous êtes entré, puis sorti de l'INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle) à Bruxelles et cela vous a transformé. Boulimique de travail, vos amis vous donneront le surnom de L’INSAStiable, tant vos activités seront nombreuses quand bien même la principale dorénavant vous fera "buller". Je veux bien sûr parler de la création  de votre personnage de BD (j’ai failli dire : je veux bien sûr parler de la création de votre personnage en mode de narration utilisant une succession d'images dessinées, incluant, à l'intérieur de bulles, les paroles, sentiments ou pensées des protagonistes mais cela aurait été trop long. C’est vrai, quand on écrit il faut essayer d’être direct, court et concis, et je fais confiance à notre lectorat pour comprendre le sens du mot BD) du Chat le 22/03/83, car vous ne le saviez pas encore à l’époque, vous étiez "félin" pour l’autre. Malgré son look un peu pataud et gauche, vous êtes Pluto (zut, pas le chien), vous êtes donc plutôt adroit pour le croquer (surtout pas le dévorer), et le coucher (vous vivez en concubinage avec lui) sur papier.

Pour finir,  permettez-moi de revenir à cette adresse désormais célèbre qu’est devenue le 183 rue Belliard à Bruxelles, que vous abordez de façon émouvante dans votre texte "Tout est vrai" dans votre nouvel album Geluck pète les plombs.  Que dessiniez-vous sur ce mur de vos toilettes ? J’imagine les trésors que renferme ce lieu hautement symbolique, et il me vient une question : peut-on louer cette grande maison et espérer partir discrètement avec un bout de plâtre (sans l’essuyer) de ce cabinet d’aisance, que l’on mettra aux enchères afin de battre le record tout récent d’une toile de Hockney à 90,3 millions de dollars ? En tout cas, je sais où je passerais mes prochaines vacances. "Chérie ! Tu peux annuler l’Italie l’été prochain. Ce sera finalement direction le plat pays !"  Et comme le dit (presque) la publicité sur la Belgique au cinéma : à Bruxelles, le musée de l’humour s’appelle Philippe ! 

Lettre à Philippe Geluck

MB(2018) - Albums de Philippe Geluck 2018 - Casterman -

 

Marc / Humanvibes

Publié le 28/11/18

 

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