
Episode (1/7) de mon « avis novélisé » sur le roman « À retardement » de Franck Thilliez paru le 2 mai 2025 aux éditions Fleuve noir.
« Générique » / Musique de Boards of Canada – Reach For The Dead
Noir, c’est noir
Il n’y a plus d’espoir (…)
Johnny Hallyday
Centre médical Marjorie Strondheim (CMMS) pour malades mentaux difficiles de Caeron-les-Mines, dans le Nord. Lundi 05 mai 2025. 10 heures 42.
99 99. Le numéro a été composé. Le professeur Hervé Topaze était concentré. Pour la suite des évènements, il fallait absolument que Marius puisse communiquer correctement lors d’un échange téléphonique surtout après ce qu’il venait de se passer avec Gabrielle. Comment allait-t-il se comporter ? A la troisième sonnerie, une voix se fit entendre.
– Bonjour, je m’appelle Vincent Albec, je suis à votre écoute. Le centre d’appel SOS AssistVie est là pour vous aider et vous orienter vers des professionnels de la santé, du médical ou du social, en fonction de l’aide que vous recherchez et que j’estimerai en adéquation avec votre demande. Parlez sans crainte et sans contrainte. En quoi puis-je vous aider ?
– …
– Allô… Il y a quelqu’un ? Vous m’entendez ? interrogea Vincent.
– Oui… Je suis Marius. Marius Tobor.
– Bien ! Je vous écoute monsieur Tobor.
– J’ai peur de faire une bêtise.
– Une bêtise… C’est-à-dire ? Et parlez un peu plus fort, s’il vous plaît.
– T’es sourd ? Tu te prends pour qui pour me parler comme ça, pour d’Horsak ?
Un souffle curieux sortit de l’écouteur du téléphone, et laissa une drôle d’impression au bénévole retraité. Coûte que coûte, il devait essayer de conserver le contact comme on lui avait enseigné lors de sa formation.
– Je vous en prie… C’est normal, prenez votre temps, se reprenait-il maladroitement, en répondant un peu à côté – comme il le confirmera plus tard, en faisant le point avec son supérieur. On l’avait prévenu. Dans cette activité bénévole, on était amené à gérer parfois des situations délicates. C’était fait. Cela prenait effectivement des allures de situation délicate.
– … J’vais mal. Vous comprenez ? J’vais mal, j’vais MAL ! J’VAISMALJ’VAISMAL ! explosa soudainement Marius sur diverses intonations caverneuses au bord de l’hystérie.
Vincent encaissa de plein fouet comme un uppercut la réplique de son interlocuteur. En moins d’une minute, il était déjà dans les cordes.
– Heu… Heu… Calmez-vous monsieur Tobor, s’il vous plaît…Heu…je peux vous appeler Marius ?
– PAS POSSIBLE ! RENDEZ-LE MOI ! Mal, mal, mal, MAL, MAL MAL ! J’VAIS TE TROUER ESPÈCE DE SALOPARD !
– Oh non, mon Dieu ! je vous en prie… pourquoi, pourquoi me dire ça… souffla Vincent, paniqué.
© Marc Bélouis