Fast and victorious !
Lilou Wadoux, le regard décidé et concentré © Elie Leber
INTERVIEW – Lilou Wadoux a 20 ans. Pilote automobile en Alpine Elf Europa Cup en 2021, elle a particulièrement brillé lors de la dernière saison. Première victoire d'une femme à Portimao (Portugal) dans la catégorie, 8 podiums sur 12 courses, 3ème au général, Lilou est l'avenir du sport automobile français !
Vous avez commencé le karting à l’âge de 14 ans pour vos loisirs. Qu’est-ce qui a créé chez vous l’envie de faire de la compétition ?
J’ai juste essayé un jour de faire du karting de location pour m’amuser, et puis cela m’a tout de suite plu, mais sans trop savoir pourquoi précisément. Et puis j’ai acheté un kart de compétition, je me suis sentie attirer par la vitesse et la nécessité d’être très précise dans les trajectoires, cela a bien fonctionné en compétition et tout s’est enchaîné.
Comment s’est passé votre intégration dans un environnement que l’on sait principalement masculin ?
Avec des hauts et des bas, cela dépend de la personnalité de chacun. On nous a même accusé de tricherie !! Il y a encore des « machos » qui sont surpris, mais d’autres à qui cela ne pose aucun problème de se confronter à une femme.
Vous avez dit que le mental est l’une de votre principale force. Comment cela vous est-il venu ?
Avant la course automobile, j’ai fait d’autres sports en compétition comme le tennis, cela m’a bien forgé le mental ! Et puis évoluer dans ce milieu très masculin, cela vous oblige à vous surpasser. J’ai l’habitude de me battre sans me poser de questions. En fonction des équipes que j’ai fréquentées, il y a eu parfois des coachs en préparation mentale qui sont intervenus, mais ce n’était pas systématique.
2020 – Nogaro © Elie Leber
Vous vous dirigiez vers des études en architecture. Comment les avez-vous conciliées avec les exigences de votre passion ?
Cela n’a pas été facile à gérer, mais je m’en suis toujours sortie. J’avais des amies qui m’ont bien aidée.
Le sport automobile est une activité physiquement très exigeante. Quel est votre programme d’entraînement ?
Du sport tous les jours sauf lorsque je me déplace sur les circuits. On a besoin de faire travailler tout le corps, les jambes, les bras, le cou, le gainage, beaucoup de cardio…
Vous avez participé en 2021 à votre seconde saison en Alpine Europa Cup, vous êtes montée huit fois sur le podium en douze épreuves, pour finir 3ème au général. Quel regard portez-vous sur votre saison conclue par une première victoire à Portimao au Portugal ?
Cela a été un peu une saison en dents de scie. On a marqué de gros points quand on en a eu l’opportunité, mais je reconnais que cela aurait pu être meilleur en terme de résultats, car que ce soit moi ou l’équipe, nous avons fait quelques erreurs, c’est dommage, mais on a beaucoup appris pour faire mieux la prochaine fois.
2020 – Nogaro © Elie Leber
Vous avez aussi une grande qualité qui est de ne pas sortir de la piste, d’abîmer votre voiture et d’abandonner…
Cette saison tout s’est bien passé à ce niveau. Mais quand je repense à la course à Magny-Cours, il s’en est joué de peu… Il y a eu un crash dans le peloton de tête que j’ai vu arriver. J’ai pu éviter l’accident en anticipant et exécuter un demi tour, ce qui m’a relégué en 11ème position. J’arrive à faire une belle remontée pour finir 4ème, donc j’ai été plutôt satisfaite de finir au pied du podium.
Sur votre site web, vous vous dites rapide, audacieuse, et combative. Que souhaiteriez-vous encore améliorer ?
Tout ! Les qualités il faut sans cesse les développer, et il faut gommer les défauts le plus possible et en faire des forces ! Après chaque week-end de courses, j’analyse ma prestation en vidéo quelque soit le résultat pour voir les points à améliorer.
Et quel est un de ces défauts dont vous parlez ?
Ce serait ma timidité, alors ! [Rires.]
Et vous aimez piloter sous la pluie ?
Oui, j’apprécie ! J’ai d’ailleurs eu de bons résultats, cela demande de la concentration et de se dépasser mentalement pour gérer les situations piégeuses.
2020 – Nogaro © Elie Leber
Vous êtes née le 10 avril 2001 sous le signe du Bélier. Voyez-vous une relation dans la manière dont vous pilotez, non seulement votre bolide, mais aussi votre vie ?
Je ne sais pas quoi en penser…Effectivement, dans la vie de tous les jours on me dit parfois que je ne suis pas Bélier pour rien, que j’ai un caractère bien trempé ! Mais en compétition, on ne m’a rien dit à ce sujet. [Rires.]
Quel message voudriez-vous faire passer aux jeunes filles qui auraient l’envie comme vous de faire de la compétition automobile ?
Que l’on est capable de faire des choses équivalentes à celles des hommes et arrêter de se dire que ce n’est pas possible. Qu’il ne faut pas renoncer de peur d’échouer, et d’avoir toujours en tête des objectifs à atteindre.
Et vous, quels sont les vôtres ?
Pour l’instant je ne sais pas, mais on va en parler dans un futur proche*… Quoiqu’il arrive, continuer sur la même lancée et progresser.
Une question à laquelle vous auriez aimé répondre et que je ne vous ai pas posée ?
Qu’est-ce que cela fait à un homme de voir une femme qui gagne ? [Rires.]
Propos recueillis le 26/01/2022
*Début février nous venons d'apprendre que Lilou Wadoux va participer aux prochains 24 Heures du Mans les 11-12 juin 2022 avec le Richard Mille Racing Team en catégorie LMP2, préparée par la structure technique Signatech qui exploite aussi le programme Alpine. Elle fera équipe sur une Oreca 07-Gibson avec Charles Milesi, vainqueur au Mans l’été dernier dans la catégorie, et surtout avec l’octuple champion du monde des rallyes Sébastien Ogier ! Lilou participera aux six manches du championnat du Monde d’endurance 2022 dont elle sera la leader d'un équipage 100% féminin, NDLR.
Et pour aller plus loin :
L'interview du "Tac au Tac" de Lilou Wadoux sur Humanvibes.
La première victoire de Lilou Wadoux numéro 44 en 2021 à Portimao (Portugal).
Alpine Elf Europa Cup (2021) – YouTube
Lilou Wadoux, 17 ans, à l'époque où elle participait à la Junior Cup.
RTL (2018) – Lilou Wadoux – YouTube
Marc / Humanvibes
Publié le 17/02/2022