MARIUS (2/7) : Êtes-vous prêt à franchir les frontières de la folie ?

MARIUS (2/7) : Êtes-vous prêt à franchir les frontières de la folie ?

Épisode (2/7) de mon « avis novélisé » sur le roman « À retardement » de Franck Thilliez paru le 2 mai 2025 aux éditions Fleuve noir.

Quelques heures plus tôt

Le centre médical Marjorie Strondheim (CMMS) pour malades mentaux difficiles de Caeron-les-Mines était une curiosité, de par son lieu atypique, et son édification originale qui avait défrayé la chronique à l’époque. Aussi étonnant que cela paraissait, la ville du Nord d’à peine 2500 âmes, était jumelée avec Genève, car la célèbre psychologue et psychanalyste suisse Marjorie Strondheim (1889-1968) avait fait partie de la Société helvétique de psychanalyse, basée dans la ville suisse. En 1953, elle avait publié – Étude d’une schizophrène –, une œuvre innovante qui combinait le récit d’une patiente avec l’analyse d’une thérapeute. Dans les années 80, la riche héritière suisse, Solea Meier, dont le père avait été diagnostiqué schizophrène désorganisé et qui résidait à Caeron-les-Mines, avait fait don d’une grande partie de sa fortune pour la construction étonnante d’un centre spécialisé dans les maladies mentales difficiles. Cette réalisation fut faite en partenariat étroit avec le principal actionnaire, la Société helvétique de psychanalyse de la ville genevoise.

C’est par une matinée de mai 2025 bien fraîche pour la saison, que Gabrielle Sauvet était attendue à 8 heures 30 tapantes au CMMS. Étudiante en troisième année de psychologie à la faculté PsySEF de Lille, elle était obligée d’étudier la schizophrénie sous ses différentes pathologies. Ce programme universitaire offrait la possibilité d’obtenir par la suite une licence générale en psychologie ainsi que divers parcours de masters dans ce domaine. Elle avait rendez-vous à 8 heures devant la gare de Béthune.

Un mini-bus bleu et blanc devait transporter les étudiants de la cession du jour vers le CMMS, à 20 minutes de là. Elle l’aperçut qui empruntait le petit parking extérieur, place François Mitterrand. Plus tard, avec à son bord seulement deux passagers, une des navettes Karsan e-JEST à propulsion 100 % électrique de l’établissement dédiée au personnel, finit par franchir l’imposante grille d’entrée coulissante du CMMS, située à l’Ouest de Caeron-les-Mines.

Le véhicule attaqua au même rythme la rampe d’accès qui la menait au Centre médical, qui était placé en équilibre sur un colossal tube d’acier au carbone au sommet du terril 89 de Brisefer. Ce dernier, qui culminait à 187 mètres de hauteur, était l’une des collines artificielles bien connue dans la région qui symbolisait le Nord minier, et dont les attraits touristiques riches en histoire n’ont jamais cessé d’attirer les visiteurs. Une légère brume avait fait son apparition. L’impressionnant bâtiment en forme de cerveau, visible à une quarantaine de kilomètres à la ronde par temps clair, ressemblait à une grosse noix posée de manière incongrue sur une pyramide de schistes grisâtres.

Gabrielle regarda à sa gauche. Un autre étudiant manifestant une certaine nonchalance, lui rendit son regard à peine étonné par les deux hémisphères bruns glaçants qui se dressaient soudain devant eux. Elle avait beau avoir regardé les photos du terril du CMMS sur Google Maps en long et en large, c’était différent de visu. Elle ressenti un frisson lui parcourir l’échine.

Savaient-ils que le cerveau en question dont le revêtement spécial brillait au soleil était la reproduction exacte, voulu par sa fille, de celui du père schizophrène décédé ?

La navette s’arrêta devant l’entrée.

À suivre…

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© Marc Bélouis

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