
Épisode (1/2) de mon « avis novélisé » sur le roman « Everglades » de R.J. Ellory paru le 10 avril 2025 aux éditions Sonatine.
« Générique » / Musique de Boards of Canada – Sixtyniner (Helios rmx)
Thomasville / Géorgie / – Étude notariale Sanders & Associates – Jeudi 12 décembre 2025
Je rêvassais depuis une quinzaine de minutes en salle d’attente, quand la porte de la notaire s’ouvrit. Carrie Sanders se présenta et me fit signe de la suivre dans son bureau. Je pris place sur une chaise confortable. Elle disparaissait presque derrière des piles de dossiers entassés sur un bureau en bois quelque peu fatigué.
– Monsieur Costwell, je suis ravie de vous rencontrer, souriait-t-elle. J’aime mettre un visage sur les personnes avec qui j’ai eu des échanges téléphoniques. Le voyage de New-York s’est bien passé ?
– Oui, je vous remercie, ravi de vous rencontrer, Maître.
– Bien. Venons en au fait. Votre tante est décédée le 24 novembre de cette année. Les obsèques ont eu lieu le 29 novembre, dans l’intimité. Elle vous avait désigné comme unique héritier dans une lettre qu’elle nous avait transmise tout récemment, en septembre dernier pour être exacte. Lettre un peu confuse, certes, mais dont on comprend le principal. Veuve depuis 1998, son unique enfant Paul ayant disparu dans un accident de voiture en novembre 2009, vous êtes par conséquent au regard de la loi de l’État géorgien, la seule personne auquel il revient de droit de vous trouver assis devant moi aujourd’hui. En conséquence, vous allez assister à l’ouverture du testament de Rose Stappleton, votre tante.
– Elle a toujours vécu à Thomasville. Son prénom Rose était un lien avec le festival des roses organisé chaque année, depuis un siècle, je crois.
– Oui, c’est un festival qui est connu dans le monde entier et qui attire beaucoup de touristes, en avril. Je déteste cette période printanière de grande affluence ! Bref, votre tante nous avait donné également un paquet que j’ouvrirais avant de lire le testament, si vous le voulez bien.
– C’est d’accord.
– Bien. Procédons donc à son ouverture.
La femme de loi arracha la feuille de papier kraft sans ménagement. C’était la version française d’un livre, intitulé « Everglades » de R.J. Ellory, aux éditions Sonatine. Elle me le présenta avec étonnement.
– C’est curieux ! lançais-je, aussi éberlué qu’elle. Ceci dit, Rose a toujours été très originale, et c’est justement pour cela que je l’adorais. Elle parlait et comprenait parfaitement le français, ce qui est mon cas. Cela nous amenait parfois à parler de la sorte. C’est peut-être une réponse en partie à cette énigme ?
– Moi aussi je suis bilingue, par ma mère… Bon, ce mystère ne devrait plus en être un d’ici peu, Monsieur Costwell. Sachez seulement que je connaissais bien la situation financière de votre tante, et qu’elle vivait très difficilement. De ce point de vue, ne vous attendez pas à toucher quoi que ce soit… mais elle n’avait pas de dettes, c’est déjà ça. Elle vivait dans un appartement au rez-de-chaussée, qu’elle louait. Mais il n’y a pas que ça, malheureusement. Sa santé mentale était plus que défaillante, vous étiez au courant ?
– Oui, je sais, son état s’est beaucoup dégradé les dernières années, mais elle ne parlait jamais de sa situation délicate, même si j’ai su qu’elle avait fini par vendre son piano de la marque « Pleyel Paris » auquel elle tenait beaucoup. Elle essayait de me faire jouer dessus avec un doigt une comptine délicate quand j’étais petit qui s’appelait…All I quelque chose, je ne sais plus. Elle avait récupéré un peu d’argent grâce à cette vente, et aussi par le biais de vieux livres français de collection dont elle s’est séparé. On échangeait de façon régulière, elle suivait mon parcours professionnel et ma vie en général avec beaucoup d’attention. Mais quand je l’ai vu pour la dernière fois en 2023, je voyais bien qu’elle commençait à imaginer des choses qui n’avaient pas existé…on aurait dit aussi, comment dire, qu’elle supportait un poids qu’elle n’arrivait pas à se défaire, mais c’était peut-être moi qui me faisait des idées. Elle était très malade sur la fin… Un cancer de l’estomac, à 77 ans, quelque soit l’âge, ça ne pardonne pas. Mon emploi du temps ne m’a pas permis de me libérer avant qu’elle nous quitte, je le regrette, mais j’étais présent pour l’accompagner dans sa dernière demeure.
Carrie Sanders acquiesça.
– Bon, ouvrons ce testament, proclama-t-elle. Elle y trouva la lettre manuscrite.
– Oh ! C’est écrit en français ! Ça commence bien, s’exclama la juriste. Hmmm… Je vais donc procéder à la lecture de cette lettre pour la première fois, en français donc.
À suivre…
© Marc Bélouis / Humanvibes le 27/06/2025