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Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (2/2)

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                                                          Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (2/2)

 

Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (2/2)

MB(2020) - Jacques-Olivier Travers - Les Aigles du Léman

 

Jacques-Olivier Travers est fauconnier et dresseur de rapaces. Il s’est pris très jeune de passion plus particulièrement pour le pygargue à queue blanche. Il est ainsi devenu "coach sportif" pour aigles, et fondateur de l’un des plus grands parc pour oiseaux de proie d’Europe, Les aigles du Léman, à Sciez en Haute-Savoie. Pour attirer l’attention sur la protection des espèces et des rapaces en particulier, il organise des performances en les faisant voler en milieu naturel, traverser la Manche, décoller du Mont-Blanc, survoler les chutes Victoria, s'envoler depuis la Tour Eiffel, où encore plus fort, du sommet de la plus haute tour du monde à Dubaï, la Burj Khalifa qui culmine à 828 mètres !

Son plus grand projet ? Réintroduire en France le pygargue à queue blanche, et lui redonner une liberté qu'il n'aurait jamais dû cesser d'avoir.

Suite et fin de l'interview.

 

Avez-vous pu mesurer l’impact que vos démarches ont apporté de positif sur la sauvegarde des espèces ?

Quand on parle conservation des espèces, la perception n’est pas la même quand vous regardez cette vidéo que vous soyez en Arabie, en Indonésie ou en Europe. Si on se concentre sur les pays occidentaux, il y a eu un impact qui a été énorme grâce à de grands médias qui nous ont suivis comme la BBC ou CNN, de grands sponsors nous ont contactés, nous avons fait beaucoup d’interviews, on a vraiment senti qu’il y avait un élan, mais maintenant vous dire qu’au fin fond de l’Afrique ou de l’Asie ils ont perçu cela, soyons très humbles, je ne le pense pas... Mais peut-être qu’un jour ils tomberont sur ces images et qu’ils se poseront cette question ? Nous savons que c’est un travail de longue haleine, ce sont des petites pierres que l’on sème le long du chemin. On a l’impression que l’on en a déposé de grosses dans le monde occidental et qu’il est prêt à faire des efforts, mais il faut accepter qu’ailleurs il n’y ait pas eu un gros retentissement…

              "Moi, de toute façon je consacre ma vie au retour du pygargue à queue blanche en France …"

                                               Jacques-Olivier Travers

 

Quelle action avez-vous envie de mettre plus particulièrement en avant ?

Moi, de toute façon je consacre ma vie au retour du pygargue à queue blanche en France … C’est le rêve de mon enfance ! Voir voler cet aigle dans le ciel du lac Léman, et cela fait plus de treize ans maintenant que l’on est sur ce projet. On espère aboutir d’ici deux ans, c’est pour vous dire à quel point ce n’est pas simple ! On commence à bien les faire se reproduire, les autorisations sont en cours, et ma satisfaction sera alors de voir le premier voler qui ne sera peut-être pas le mien...

Justement, quels sont les principaux obstacles ?

Je dirais qu’il nous en reste un dernier, et non des moindres, qui est le monde politique. Les hommes politiques sont assez frileux sur tout ce qui touche à la réintroduction animale, car on a eu pas mal de problèmes avec les loups, les ours, les lynx...Remettre un prédateur dans la nature, ils n’aiment pas trop ! C’est pour cela que l’on a fait ces grandes opérations médiatiques pour que le public pousse en demandant à revoir ces aigles dans la nature, et c’est ce qui se passe dans notre région avec un réel engouement à soutenir notre projet. J’espère que cela va permettre aux politiques de prendre le sujet à bras le corps !

Mais cela concerne aussi bien les gouvernants Français que ceux de Suisses !

Alors là ! [Rires.] Il ne vous a effectivement pas échappé de la complexité du sujet du fait que les trois-quarts du lac sont suisses ! Il faut donc les convaincre tous les deux. Ceci dit, les Suisses sont beaucoup plus pragmatiques que les Français. En France on est assez idéologue, on est pour ou contre avant presque d’avoir lu le dossier. Les Suisses vont plutôt le décortiquer, et je me trompe peut-être mais leur accueil est très différent par rapport à nous. Ils sont dans l’idée de tester des solutions, et si elles ne fonctionnent pas d’en essayer d’autres. Moi qui suis Français, j’apprécie leur façon de voir.

Remontons un peu en arrière, dans quelles conditions avez-vous rencontré pour la première fois un pygargue à queue blanche ? Qu’est-ce- qui a provoqué en vous cette passion ?

J’ai rencontré ce rapace dans un livre de l’ornithologue Suisse Paul Géroudet, qui je ne savais pas réside à côté de chez moi ! Il écrivait dans les années 60 : "Je vois passer devant moi ce géant, peut-être ne le sait-il pas mais est-il le dernier de son espèce." Cette phrase m’a marqué, je me disais mais quel est cet animal incroyable ! Vous vous imaginez ce que cela peut produire dans la tête d’un enfant de onze ans ! À cet âge là, Je pensais à la limite qu’il parlait d’un dragon ! Je voulais absolument voir cet oiseau, et il a fallu que j’attende d’avoir 28 ans pour voir mon premier pygargue à queue blanche dans un zoo dans un pays de l’Est. Cela a été un coup de foudre immédiat !

"En France il a cette particularité incroyable pour un animal, c’est d’avoir donné une expression populaire."

                                                 Jacques-Olivier Travers

 

Le Fauconnet moineau est le plus petit des rapaces, il mesure 30 cm d’envergure et pèse 60 grammes. A l’inverse avec 3,30 mètres d’envergure et 12kg, le Condor des Andes est le plus grand. Pour le pygargue à queue blanche, mis à part qu’il possède une capacité à voir 10 fois plus grande qu’un être humain, ce qui ferait en équivalence que l’on ait des yeux gros comme une orange, qu’a t-il encore comme particularités ?

En France il a cette particularité incroyable pour un animal, c’est d’avoir donné une expression populaire. Il y en a très peu, vous avez le loup qui en a donné beaucoup, l’ours, et le pygargue à queue blanche avec : Pousser des cris d’orfraie. Cela vient de cet oiseau, et surtout cela nous indique qu’ il était tellement courant autrefois qu’il a donné cette expression. Mais on a réussi à le faire disparaître totalement ! [ Entre 1820 et 1840 il a été autorisé d’éradiquer en France tous les pygargues à queue blanche, car ils ont été classifiés à l’époque comme espèce nuisible, NDLR] Moi, je me donne un devoir de faire revenir cet oiseau dans la nature. On a une histoire avec lui, il fait partie de notre langage, c’est important.

Avez-vous encore des choses à apprendre de lui, et lui de vous ?

J’en apprends tous les jours avec mes oiseaux… On a fait des vols incroyables comme celui avec mon aigle Victor l’année dernière qui était à plus de six kilomètres de moi, 3000 mille mètres de dénivelé en partant du haut de l’aiguille du Midi pour atterrir à Chamonix. Je n’avais jamais pensé qu’il serait capable de faire ça, parce que l’on sait très bien qu’il ne me voit pas. Il faut qu’il soit capable de se dire, tiens je vais le chercher mais où ? Il se dit que chaque fois que je le cherche, c’est dans un grand champ, chaque fois qu’il m’appelle c’est dans un champ vert. Il les cherche donc, et il me trouve, c’est fascinant ! Ils ont une capacité d’adaptation étonnante, je pense que ce n’est que le début, je suis assez confiant sur le déroulement de nos relations futures. [sourires.]

Il vous arrive durant vos vols qu’un de vos aigles ne revienne pas vers vous ?

Il y en a un qui est reparti involontairement dans la nature, il a très bien survécu car on nous a signalé sa présence pendant 6 mois avant de perdre sa trace, il était redescendu jusqu’en Camargue...

"Je gagne ma vie, et elle est belle grâce aux rapaces. Après on peut aimer ou non, mais c’est une réalité."

                                              Jacques-Olivier Travers

 

Votre implication depuis 2006 pour sensibiliser le public sur la vie précaire des oiseaux se fait à travers un programme qui s’intitule Freedom. Finalement, c’est vous qui prenez sous votre aile les rapaces. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je gagne ma vie, et elle est belle grâce aux rapaces. Après on peut aimer ou non, mais c’est une réalité. Mes oiseaux me permettent de vivre, de voyager, de faire une multitude de choses que j’aime. Je pense avoir une obligation de retour à donner. À moi de mettre en place de nouvelles techniques, d’essayer de trouver des méthodes de réintroduction dans la nature , de faire ce passage de la captivité à la nature si difficile, et c’est ça aujourd’hui qui me motive en consacrant toute mon énergie à ce programme.

Quels sont vos projets à venir ?

Hmmm...Je voudrais que l’on puisse améliorer nos connaissances sur nos espèces qui sont en captivité, notamment à comprendre le processus qui permet à un oiseau qui naît en captivité de retourner dans la nature, parce qu’il ne s’agit pas juste d’ouvrir une porte ! C’est se poser la question de savoir sélectionner ses parents, dans quel environnement ont-ils vécu, comment on l’éduque, comment on le nourrit, comment on le prépare pour son retour à la nature, c’est tout ce processus là qui m’intéresse que j’aimerais pousser plus loin dans les recherches avec plein d’espèces, pas seulement avec celle du pygargue à queue blanche. Je pense que c’est l’enjeu des 30 prochaines années, on sait qu’il faudra garder des espèces en captivité pendant de très nombreuses années, pour les remettre ensuite en liberté mais avec vraiment de la méthode, parce qu’ aujourd’hui, [respirant un grand coup.] c’est un peu léger ce que l’on a...

Et pour finir, une question à laquelle vous auriez aimé répondre, et que je ne vous ai pas posée ?

Ah !… La question que l’on me pose régulièrement est pourquoi je fais cela. Celle que je voudrais que l’on me pose est COMMENT je fais cela ? C’est par passion, parce que si dans la vie vous n’en n’avez pas quelque soit votre métier, vous ne serez pas bon. Moi, j’ai la passion des oiseaux, j’espère que cela fait de moi un fauconnier acceptable, et en même temps j’ai le souci de faire des choses qui soient utiles à la collectivité. Je souhaite que la petite pierre que j’apporte, servira un jour aux générations futures à voir des animaux que je n’ai pas pu voir dans la nature . Si j’y arrive, ce sera plus beau que de faire Dubaï ou autre. Nous avons tous envie de laisser une petite trace, et c’est celle-là que j’aimerais que l’on garde de moi…

Jacques-Olivier Travers, merci .

Merci à vous.

 

Propos recueillis le 09/08/20

 

Dédicace de Jacques-Olivier Travers pour Humanvibes

Les Aigles du Léman   Dédicace de Jacques-Olivier Travers à Humanvibes

 

Et pour aller plus loin :

Première partie de l'interview de Jacques-Olivier Travers sur Humanvibes

Interview de l'interview du "Tac au Tac" de Jacques-Olivier Travers sur Humanvibes

Très beau documentaire d'Hervé Vacheresse sur Jacques-Olivier Travers

Séquence SDP(2019) - L'homme qui apprenait à voler aux oiseaux - YouTube

 

Si vous passez par la région de Morzine cet hiver, ne manquez surtout pas les rapaces de Jacques-Olivier Travers !

France 3 Toutes Régions(2020) - Jacques-Olivier Travers, une vie au service des rapaces - YouTube

 

Marc / Humanvibes

Publié le 15/10/20

 

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