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Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (1/2)

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                                                              Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (1/2)

 

Interview de Jacques-Olivier Travers : Chercheur de liberté ! (1/2)

MB(2020) - Jacques-Olivier Travers - Les Aigles du Léman

 

Jacques-Olivier Travers est fauconnier et dresseur de rapaces. Il s’est pris très jeune de passion plus particulièrement pour le pygargue à queue blanche. Il est ainsi devenu "coach sportif" pour aigles, et fondateur de l’un des plus grands parc pour oiseaux de proie d’Europe, Les aigles du Léman, à Sciez en Haute-Savoie. Pour attirer l’attention sur la protection des espèces et des rapaces en particulier, il organise des performances en les faisant voler en milieu naturel, traverser la Manche, décoller du Mont-Blanc, survoler les chutes Victoria, s'envoler depuis la Tour Eiffel, où encore plus fort, du sommet de la plus haute tour du monde à Dubaï, la Burj Khalifa qui culmine à 828 mètres !

Son plus grand projet ? Réintroduire en France le pygargue à queue blanche, et lui redonner une liberté qu'il n'aurait jamais dû cesser d'avoir.

 

Jacques-Olivier Travers bonjour, je viens de visiter votre remarquable parc animalier "Les aigles du Léman" situé à Sciez en Haute-Savoie, et j’ai pu faire connaissance avec vos superbes rapaces notamment le fameux aigle pygargue à queue blanche. Comment avez-vous traversé les difficultés liées à la pandémie ?

J’allais dire comme tout le monde. Nous avons été fermé 3 mois, c’est donc forcément des recettes en moins. Par contre comme pour tous les parcs animaliers, il fallait continuer à s’occuper des oiseaux pendant le confinement, le vétérinaire, les soigneurs, les services d’entretien ont continué à travailler. Cela a été difficile économiquement puisque nos recettes ont diminué, mais pas les dépenses ! Heureusement, la saison d’été a l’air de bien se passer, c’est donc plutôt positif pour l’instant.

                                               "C’est aussi lié à notre expérience qui est de plus en plus grande"

                                                                                 Jacques-Olivier Travers

 

Vous avez eu le bonheur d’accueillir une vingtaine de naissances de rapaces au printemps, est-ce exceptionnel ou est-ce un nombre régulier ?

C’est un nombre qui augmente chaque année depuis 4-5 ans. C’est lié au fait que des oiseaux arrivent à maturité sexuelle, car chez les rapaces elle est extrêmement tardive, cela concerne des oiseaux que nous avons acquis il y a quelques années. C’est aussi lié à notre expérience qui est de plus en plus grande, tous les ans on s’améliore forcément. Nos installations évoluent, elles s’adaptent à leur vie, ce qui leur plait aussi. C’est donc une courbe qui est croissante et qui nous fait plaisir !

Votre parc est aussi bien ouvert en été qu’en hiver. Existe-t-il une différence dans le déroulement de la visite et des activités que vous proposez ?

Oui, c’est totalement différent parce que le parc d’été se situe à Sciez au bord du lac Léman, et celui d’hiver à Morzine à 1500 mètres d’altitude. Évidemment on ne peut pas faire travailler les oiseaux dans les mêmes conditions, la façon de les regarder n’est pas la même non plus – on ne peut pas rester des heures à les regarder dans le froid. Les mêmes oiseaux sont visibles à l’intérieur avec des séquences extérieures plus courtes que l’été, forcément. À Sciez vous pouvez pouvez déambuler comme vous le souhaitez, tout est parfaitement adapté pour rester dehors toute la journée.

Dans le parc d’été, vous proposez également de vivre une expérience peu commune avec la possibilité de passer un séjour dans une ferme savoyarde "La Terre des Aigles" aux côtés de rapaces. Quel en est le concept exactement ?

En fait, nous nous sommes aperçus que les gens étaient à la recherche d’expériences autour de l’animal. Ils n’ont plus envie de faire "du lèche-vitrine" devant des volières et des panneaux indiquant les particularités des oiseaux. On a essayé de faire vivre la visite au plus près des rapaces en créant la première fois une très grande volière dans laquelle on pouvait se promener, la seconde dans laquelle on pouvait se restaurer, et maintenant la volière où l’on peut dormir. Cela peut paraître surprenant d’ouvrir sa fenêtre et de voir tout près de vous les oiseaux ! On les regarde et on s’y intéresse différemment dans des conditions hors normes, cela attire un nouveau type de visiteurs, c’est certain.

Et là, c’est complet tout l’été ?

Oui, oui ! C’est le boum en ce moment de vivre des expériences en pleine nature, les cabanes dans les arbres etc. Nous sommes en plein dans cette thématique, cela fonctionne très très bien !

                                                      "Partout où l’humain passe, il accapare tous les espaces."

                                                                                         Jacques-Olivier Travers

 

Vous voyagez dans le monde entier, vous pouvez donc porter un regard sur tout ce qui touche à l’environnement, qu’avez-vous observé sur les conséquences du réchauffement climatique ?

Je ne partage pas tout à fait l’analyse aujourd’hui que l’on fait sur la thèse exclusive du réchauffement climatique sur notre environnement. Alors certes, c’est un vrai problème que nous vivons dans les Alpes, par exemple, avec la fonte des glaciers. Mais à l’échelle mondiale, j’ai surtout remarqué l’impact que l’humain avait sur la nature ! De nos jours, c’est ça le vrai problème ! Partout où l’humain passe, il laisse des déchets. Partout où l’humain passe, il prend toutes les énergies. Partout où l’humain passe, il accapare tous les espaces. Il faut absolument que l’on apprenne à mieux se gérer, de manière à ne pas laisser une empreinte si importante sur la nature, parce que changement climatique ou pas, les espèces disparaissent avant tout à cause de la présence humaine ! Parler du réchauffement climatique, oui, mais il ne faut pas se tromper de priorités !

6 mois de préparation pour 6 minutes de vol en 2015, c’est ce que raconte votre documentaire "Un Aigle à Dubaï" réalisé par Olivier Riethauser. Il nous fait vivre l’exploit de votre aigle Darshan qui s’élance, retransmis en direct par la BBC muni d’une caméra sur son dos, du sommet de la tour Burj Khalifa, le plus haut gratte-ciel du monde avec 828 mètres de hauteur ! Résultat, 2 milliards de vues sur YouTube ! Le 6 est-il devenu votre chiffre porte- bonheur ?

[Rires.] Ce n’est pas très efficace quand on y pense comme ça ! 6 mois de préparation pour 6 minutes ! [Rires.]  Non, mais cela a été une expérience fabuleuse qui a surtout permis de mettre un coup de projecteur incroyable sur les actions de conservation des espèces que l’on fait. Quand nous nous sommes lancés dans l’aventure, on espérait que cela apporte quelque chose de positif, mais certainement pas à cette échelle là ! Sur les 2 milliards de vues, beaucoup les ont visionnées plusieurs fois, mais on estime qu’une personne sur six sur cette planète a regardé cette vidéo avec un aigle volant au- dessus d’une ville avec une caméra sur le dos ! Cela interpelle forcément sur ce que nous avons voulu faire, et cela a dépassé nos espérances.

               "Mais il était important quand même de montrer cette histoire que nous avions vécue de l’intérieur."

                                                                                 Jacques-Olivier Travers

 

Et pourquoi s’est-il passé 4 ans avant de voir ce remarquable documentaire ?

Parce que cela n’a pas été simple avec le Prince de Dubaï ! [sourires.] Comme beaucoup de gens qui ne sont pas dans la difficulté pour vivre, il n’avait pas d’intérêts particuliers pour sortir ce film . Nous n’avions pas de besoins financiers immédiats, et par la suite tous les bénéfices du documentaire ont été versés à la fondation "Les ailes de la Liberté" que j’ai créée il y a quelques années. Mais il était important quand même de montrer cette histoire que nous avions vécue de l’intérieur. On s’est rendu compte qu’après avoir vu ces 6 minutes magiques de vol, les gens ne savaient pas ce qui s’était passé derrière. On voulait vraiment montrer la somme de travail nécessaire, et expliquer la performance de l’oiseau qui a été vraiment incroyable ! C’est vrai que la sortie a pris un peu de temps, mais au final tout le monde y a mis du sien, et aujourd’hui nous sommes tous très heureux d’avoir pu le diffuser.

Au visionnage quelque chose m’a interpellé  : pourquoi les autorités ne vous ont pas communiqué en amont les plans de la structure de la tour concernant les derniers 200 mètres, ce qui vous aurait évité de sérieux problèmes que vous avez quand même pu résoudre sur place ?

C’est assez simple de comprendre… La tour n’avait pas pu être finie à cause de la crise économique de 2008, ils n’avaient pas eu les moyens d’aménager les 200 derniers mètres et de les commercialiser. Il faut savoir qu’il existe un gros égo dans ces pays là, je comprends maintenant pourquoi il ne nous avait pas dit qu’à cause d’un manque d’argent, que le haut de la tour était vide. Pour les avoir fréquenté, ils sont très fiers de ce qu’ils font, fiers de leur ville etc. et le dire au monde était problématique. [Réflexion.] Je vais vous dire… Aussi bizarre que cela puisse paraître, paradoxalement cet écueil nous a remis dans notre fonctionnement normal ! On a eu l’impression de se retrouver en montagne, on a enfilé des baudriers, on a déployé nos cordes et quelque part - bien que dans le désert -, on avait l’impression de faire de l’escalade tous les jours ! Alors oui, cela a été perturbant, mais psychologiquement, nous étions à l’aise avec ces techniques là, et finalement ce n’était pas si terrible…

Vous avez donc été obligé à faire fabriquer sur place des caisses spéciales pour acheminer Darshan en haut de la tour...

J’avoue que cela été ma plus grande surprise ! Je me suis aperçu que plus l’on montait en haut de cette tour, du fait que des parties avaient été rajoutées, plus on trouvait des portes qui faisaient 1,05 mètres, des portes qui faisaient 95 centimètres, d’autres 75 centimètres, il n’y en avait pas une qui était similaire ! On a dû faire fabriquer sur place des caisses de différentes tailles pour l’oiseau…

Comme des poupées russes !

Absolument ! [Rires.]  Dans un projet comme celui-là, on a tellement de problèmes à régler, que celui des caisses qui ne passaient pas au fur et à mesure de notre montée, cela en était devenu Kafkaïen !

"Le Prince avait cette formule assez amusante qui était : "Moi, je paye tout ce que vous vous voulez, mais il faut que cela marche !"

                                                                             Jacques-Olivier Travers

 

Combien de chances vous étiez vous donné pour réussir cet exploit avec votre aigle ?

Hmmm… C’était le gros point d’interrogation ! Le Prince avait cette formule assez amusante qui était : "Moi, je paye tout ce que vous vous voulez, mais il faut que cela marche !" Sauf qu’ avec un oiseau, vous avez des jours avec et des jours sans, des conditions climatiques fluctuantes...Je me donnais quand même réellement une chance sur deux pour qu’il réussisse le vol. On en a fait ensemble des centaines sur d’autres sites pour s’entraîner, car la seule et unique descente étant diffusée en direct par la BBC, on nous avait dit qu’au moindre problème d’écran noir ou autre, ils enverraient de la publicité et ce serait fini ! On avait des contraintes que l’on n’a pas à l’esprit, mais qui étaient lourdes à gérer. Curieusement, à chaque performance de ce type, j’ai toujours eu la sensation que mes oiseaux comprenaient et sentaient l’importance de ce qui était en train de se passer. Ce jour là, ils deviennent bien meilleurs de ce qu’ils font d’habitude, je priais pour que Darshan  réponde bien à mes signaux...Finalement je croyais avoir une télécommande dans ma main pour le diriger, c’était magique !

Avec les courses de chevaux et de chameaux, la fauconnerie qui fait partie de la culture locale, et que l’on appelle "Le Sport des Princes" aux Émirats arabes Unis, étaient le lieu idéal pour la performance de votre aigle...

Oui, ne nous trompons pas ! Avant de faire une communication sur la conservation des espèces, le Prince voulait faire une opération de promotion en mettant en avant la culture de son pays qui est intimement liée à la fauconnerie. Ses grands-parents, comme il me l’a expliqué, ont survécu dans le désert grâce aux faucons. Tiré une outarde au fusil, c’est impossible, elle est trop loin, où elle vous voit arriver et elle s’enfuit. Il n’y a que le faucon qui est capable d’aller chercher du gibier, de le capturer et vous donner de quoi vous nourrir. Ils ont donc une vénération pour ces animaux qui ont permis à leur génération de survivre. Mais ceci dit, cela a permis de prendre conscience qu’il y avait des choses à Dubaï qui ne fonctionnaient pas, mais le Prince a bien compris l’intérêt de cette promotion pour les améliorer.

À suivre…

 

Propos recueillis le 10/08/20

 

Et pour aller plus loin :

Seconde partie de l'interview de Jacques-Olivier Travers sur Humanvibes

Humanvibes vous recommande le parc Les Aigles du Léman

L'étonnant lodge "La Terre des Aigles" au sein du parc des Aigles du Léman !

 

Revivez le vol de Darshan à Dubaï !

Mr Kelley G.M. Rice(2017) - Dubaï World Record Eagle Flight - YouTube

 

Découvrez le parc Les aigles du Léman et l'aigle fétiche Sherkan en compagnie de Jacques-Olivier Travers, dans le cadre de l'émission Sept à Huit

L'homme et l'oiseau(2015) - Les Aigles du Léman - YouTube

 

Marc / Humanvibes

Publié le 12/10/20

                                                 

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