"Les Précieuses" de Molière ne sont plus ridicules !

 

 

Vous êtes invitée dans une semaine dans un diner mondain par le biais d’une amie. Non seulement vous ne connaitrez pas grand monde, mais bien que cultivée vous avez peur de passer inaperçue, et parfois d'avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur. Humanvibes vous apporte son concours afin de vous aider à vous faire connaître le temps d'une soirée. Mais comment faire pour sortir du lot ?

Nous remettons d’actualité la périphrase qui faisait partie intégrante des salons mondains au XVIIè siècle tenus par des dames précieuses, comme Mme de Rambouillet par exemple, qui exigeait que l’on respecte les convenances. "Il faut qu’une précieuse parle autrement que le peuple afin que ses pensées ne soient entendues que de ceux qui ont des clartés au-dessus du vulgaire" disait-on alors. Soit. C’est donc en qualité tout modestement d’une personne qui connaît un peu la force des mots et le friand du goût que je vous mets en situation.

 

C’est donc avec excitation que vous apprenez que vous êtes invitée grâce à une connaissance de votre amie, à donner à la nature son tribut accoutumé (un diner).

Avec dix mille livres de rente en fonds d'esprit qu'aucun créancier ne peut saisir ni arrêter (avec esprit), vous vous exclamez ! En ce cas chère amie, je prévois de mettre une modeste (jupe de dessus) sous laquelle je mettrais la secrète (jupe de dessous) sous laquelle j’étrennerais mon nouveau suédois (mon nouveau justaucorps). Les trônes de la pudeur (les joues) de votre amie s’empourprèrent.

 Qui sait, finit-elle par dire en gloussant, méfiez-vous ! Vous ferez peut-être de belles rencontres et vous pourriez finir par donner dans l’amour permis ? (par vous marier). Etre une moucharde de vie et de mœurs à cette soirée ? (prendre garde ?). Que nenni ! Peut-être rencontrais-je un nourrisson des Muses ? (un poète) qui fendra la presse et fera nombre dans le monde (qui aura bonne réputation).

Rien que d’y penser, j’ai le cœur enfrangé de mouvements ! (j’ai un trouble) qui excite en moi le naturel de l’homme ! (qui me  fait rire).

Mais que vois-je ? L’économie de votre tête est tantôt bien et tantôt mal gardée ! (vous êtes tantôt bien et tantôt mal coiffée). Serait-ce l’invisible qui n’aurait point gâté l’économie de votre tête ? (serait-ce le vent qui vous aurait défrisé vos cheveux ?).

Merci pour le paquet sérieux, (merci pour le compliment) dit-elle. De votre réflexion, j’en tombe sur le rusé inférieur ! (sur le cul). Je trouve que ce procédé est tout à fait marchand (vulgaire).

 Je vois dans vos miroirs de l’âme (vos yeux) que vous n’en croyez pas un mot, affirmais-je amusée.

Oh ! et puis zut, oui vous avez raison ma chère…L’autre jour je me regardais dans le conseiller des grâces (le miroir). Et qu’y vis-je ?  Les perles de la bouche (les dents) en mauvais état, des belles mouvantes (des mains)  fripées,  des chers souffrants (les pieds) plats…Ah, que cela est sot de se voir vieillir !

N’exagérez point mon amie ! Hier encore, un ami commun me racontait que c’était grand plaisir de vous côtoyer, et il ajouta qu’il avait un furieux tendre pour les gens d’esprit (qu’il aimait beaucoup les gens d’esprit) telle que vous ! Aussi prenait-il plaisir de venir déjeuner chez vous le haut du jour (le midi), prendre place dans vos confortables commodités de la conversation (vos fauteuils) devant l’universelle commodité (la table), le soutien de la vie (le pain) croustillant et le bain intérieur (le verre) toujours bien rempli et de qualité. Non vraiment, il ne manquait plus qu’il ajouta que vous étiez dans votre bel aimable (belle)…quand un fâcheux s’interposa et mit fin à notre conversation.

Vous êtes une grande diseuse de pas vrai ! (une menteuse !), mais vous m’encendrez et m’encapucinez le cœur ! (j’ai de l’affection pour vous). Venez, allons ensemble marcher dans l’agrément rustique (la forêt) continuer cette conversation bras dessus bras dessous.

Avec plaisir répondis-je.

Voilà. Avec cela vous êtes capable d’affronter n’importe quel diner en compagnie de gens de qualité... ou non.

Maintenant vous pouvez vous entrainer à trouver vos propres périphrases, et les placer à bon escient, succès garanti ! Et puis dans un monde où l’on ne se parle plus en direct droit dans les yeux, il est bon de pouvoir s’exprimer en maniant le riche vocabulaire de la langue française de Molière. Si avec cela vous ne vous êtes pas fait remarquer, je vous invite à appuyer sur le bouton qui vous mènera sur le chemin de la solution à votre interrogation (nous contacter par mail).

 

 Marc / Humanvibes

 

Et pour aller plus loin :

Site sur les périphrases

http://www.miscellanees.com/s/somaize.htm

Au pied de la lettre : Les périphrases

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