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Interview de Gil Galliot : L'amour du thêatre

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HV : Gil Galliot bonjour !

GG : Bonjour

HV : Première question pour commencer. Bien qu’étant un metteur en scène des plus remarqués dans votre métier, également auteur, et comédien, pourquoi êtes vous si discret dans les médias ? Est-ce volontaire, ou est-ce parce qu’ils ne font pas bien leur travail ?

GG : Non, c’est pour deux raisons. C’est un choix personnel. Je dis toujours que je préfère être reconnu par le métier, que connu du grand public. Nous les metteurs en scène sommes un peu les hommes de l’ombre. J’ai fait de la mise en scène dans différents domaines, aussi bien de l’Opéra, que du théâtre subventionné,  du théâtre privé,  du Boulevard et  du grand spectacle sous chapiteau. En France on aime bien identifier les gens.

Et je ne suis pas très identifiable en fait. Donc je suis reconnu pour mon travail et tous les…beaucoup de gens ont envie de travailler avec moi - j’allais dire tous les gens c’est peut-être un peu beaucoup - beaucoup de gens ont envie de travailler avec moi, mais disons que je ne travaille pas cette notoriété, ce qu’il faudrait peut-être  que je fasse. J’ai une formule là-dessus : j’ai plus de savoir faire, que de faire savoir.

HV : Justement, comme vous avez plusieurs cordes à votre arc, comment vous définiriez vous si vous deviez passer un entretien professionnel dans n’importe quel domaine?

GG : Je dirais d’abord que je suis metteur en scène,  parce que je suis aussi auteur, comédien et formateur, mais j’insisterais sur le fait que je suis metteur en scène, et que justement je n’ai pas de terrain d’exclusivité, c’est à dire que je fais mon travail de mise en scène au service d’un spectacle. Alors il y a deux sortes de mise en scène, il y a celle de commande, c’est à dire que l’on vient me chercher pour la faire, dans ce cas là je rentre dans l’univers de celui qui m’a passé la commande, évidemment je griffe toujours un peu, c’est à dire que j’y mets ma patte, ceux qui connaissent mon travail la reconnaissent toujours, ou alors ce sont mes spectacles à moi, et là pour le coup je peux m’y exprimer totalement.

HV : Nous vous avons  vu un peu dans le cinéma, vous étiez le Professeur Choron dans…

GG : Dans le film sur Coluche oui, dans "Kaamelott "  il n’y a pas longtemps, dans " l’Epervier " une série pour France 3…

HV : Alors pourquoi si peu de présence au cinéma ?

GG : Parce que je ne revendique pas mon statut d’acteur, en fait j’ai une formation d’acteur, mais très très vite je suis passé à la mise en scène. Pourquoi ? Ce qui m’intéressait c’était toute la période de travail, toute la période de répétitions. Comme j’ai joué un spectacle 882 fois pendant trois ans qui s’appelait "Shakespeare le défi" je me suis rendu compte en fait que j’aimais bien sauter d’un spectacle à l’autre, et le meilleur moyen de le faire c’est de le mettre en scène puisqu’une fois qu’on les a suivi sur les quinze, vingt, trente premières représentations ou lorsque l’on va faire des raccords de temps en temps, on peut passer à un autre spectacle. Alors que quand on est pris comme comédien sur un spectacle, cela peut durer un an, deux ans, et moi je saturais vite, je m’ennuyais un peu à jouer tous les soirs la même chose, donc voilà pourquoi je revendique plus la mise en scène en fait.

HV : Alors le cinéma a beaucoup évolué ces dernières années, nous sommes passés au numérique, on est passé à la 3D, alors que le théâtre depuis l’ère préhistorique n’a peut-être pas changé tant que cela, qu’est-ce qui pourrait évoluer dans le théâtre dans les années à venir ?

GG : Il y a des choses qui ont quand même évolué un peu dans le théâtre, par exemple le naturalisme du début du XXè siècle qui a un peu changé, également  les technologies autour de l’objet théâtral. Ce qui ne change pas c’est l’acte de jouer de l’acteur, même si il y a une évolution, il y a des conventions à respecter, on doit être entendu, vu, incarné. Ce qui change souvent autour, c’est la lumière…Maintenant on travaille avec des automatiques, là où on avait besoin de cent projos , maintenant on a n’en a besoin que de vingt, bientôt ce sera dix grâce au système de leds.

Le son aussi a amené beaucoup de choses, bien qu’il n’ait pas amené que du bon, parce qu’il y a beaucoup de spectacles maintenant surtout en humour qui sont sonorisés, ce qui fait qu’ on peut parler très bas et être entendu, et du coup cela engage moins le corps et le comédien. Et puis nous voyons de plus en plus des projections dans les spectacles, certains décors peuvent être faits en images, ou en murs d’images etc. Mais en fait oui, le spectacle vivant ne changera pas dans sa définition d’origine, c’est à dire qu’il est vivant, et qu’il y aura toujours l’acteur sur la scène, le danseur, ou le musicien, après ce sont les outils qui évolueront  autour.

HV : Nous  avons  évoqué sur Humanvibes l’expérience théâtrale de Jean-Michel Ribes qui nous permettait de voir la pièce de théâtre "Théâtre sans animaux" avec  5 flux différents de caméras, est-ce que vous pensez que l’on va généraliser ce genre d’opération ?

GG : Je ne sais pas si cela va se généraliser, le théâtre filmé c’est toujours le même problème…Parce que le réalisateur qui fait la captation fait le cadre pour nous, or quand on va au théâtre chaque spectateur fait son cadre, son travelling, son gros plan, et le spectateur à coté de lui fera un autre plan avec ses yeux. D’ailleurs cela me rappelle "Le Bal" * qui est un spectacle qui avait été monté par le théâtre du Campagnol il y a quelques années, qui racontait l’histoire d’un  bal populaire à travers les âges, les périodes historiques, et on pouvait voir ce spectacle quatre, cinq fois, car c’est le spectateur qui faisait lui-même le focus sur tel couple ou un autre.

Et puis Ettore Scola a fait le film "Le Bal" qui était très réussi artistiquement, mais c’était un peu décevant parce que finalement il choisissait pour nous qui il fallait regarder, donc cela je pense que non, c’est expérimental mais ce n’est pas quelque chose qui devrait se développer, évidemment je peux me tromper mais je ne crois pas.

HV : N’avez vous pas remarqué qu’au théâtre, on faisait de moins en moins de sketchs ? Les comédiens sont plus amenés à faire du stand up, on se souvient de Coluche, de Pierre Palmade, qui ont fait des sketchs. Est-ce que l’on n’est pas en train d’abandonner cette forme d’expression ? 

GG : Alors là  on ne parle plus de théâtre, mais nous parlons d’humour…Qu’est-ce qu’il se passe ? D’abord il existe une grosse influence Anglo-Saxonne. Les gens ne le savent pas beaucoup, mais le one man show est arrivé aux Etats-Unis par le biais de la vieille Europe. En fait dans les cabarets yiddish, juifs, en Allemagne, il y avait toute une tradition de stand up à travers l’humour juif et ses blagues, et puis à cause de la guerre, beaucoup d’émigrés aux Etats-Unis ont continué ces cabarets qui sont devenus des scènes ouvertes. Et puis les communautés noires ou latinos qui n’avaient pas les moyens d’expressions dans les médias, ont commencé à en faire aussi dans des bars, des pubs, et c’est revenu vers nous dans nos communautés, par exemple plus récemment avec le Djamel Comédie Club ou autres.

On appelle cela du stand up maintenant, Robert Lamoureux * faisait déjà du stand up, Pierre Doris * également qui racontait des blagues, Roger Nicolas faisait du stand up dans les années 50, donc ce n’est  pas nouveau. Mais je fais une différence entre un acteur, et quelqu’un qui fait du stand up, parce que passer du stand up à un autre rôle, cela ne marche pas forcément. Pour moi, c’est un autre travail que comédien.

HV : Bien, autre sujet, il y a plusieurs mois le film "La vie d’Adèle" s’est fait remarquer  par la façon dont le réalisateur Abdellatif Kechiche avait traité ses actrices. Pensez-vous qu’en tant que metteur en scène de théâtre, que cela pourrait arriver pour une pièce ? Est-ce que pour vous, la fin justifierait les moyens ?

GG : Moi, je pense que la fin ne justifie pas les moyens, mais on le sait moins, parce que c’est moins médiatisé, il y a eu au théâtre des abus de metteurs en scène dictatoriaux … Après il faut faire une différence entre l’exigence, et je dirais le sadisme. J’ai vu travailler un Monsieur qui s’appelait Giorgio Strehler dans les années 70, 80, 90 qui était assez tyrannique, mais c’était de l’enthousiasme et de l’exigence, ce n’était pas pour casser du comédien ! Mais malheureusement cela existe, et je dis toujours aux élèves acteurs qu’il faut parler toutes les langues du théâtre parce que vous allez tomber un jour sur un metteur en scène très interventionniste, et puis trois mois plus tard vous allez tomber sur un metteur en scène qui sera à l’opposé et…

HV : Excusez moi de vous interrompre, et vous quel genre de metteur en scène êtes vous ?

GG : Interventionniste…Mais pas dans le rapport de force psychologique. Je dis souvent que le travail de metteur en scène, c’est 50% de travail artistique et 50% de psychologie parce qu’ on a affaire  à des êtres humains sur scène, à des artistes, qui ont entre guillemets une certaine fragilité que l’on met au service d’un art. Mais je pense que tout existe, c’est comme dans la vie. Il y a des patrons…

HV : Tyranniques ! 

GG : Oui, il y a des patrons tyranniques, il y a des patrons copains, mais non, je ne pense pas que la fin justifie les moyens.

HV : L’ADN de notre site Humanvibes est : "Vous êtes votre seul atout. Pour réussir vous devez changer. Maintenant" Qu’est ce que cela vous inspire ?

GG : Oh ! C’est marrant parce que je viens de faire la préface d’un livre de Keith Johnstone qui s’appelle « Impro »et…

HV : Ecoutez, nous l’avons là ! (nous sortons le livre de notre besace dont nous voulions lui faire la surprise, et qui devait  servir à sa dédicace).

GG : Rires…

HV : Est-ce bien de ce livre dont on parle ?

GG : Oui, je finis la préface par cette phrase de Nietzsche qui disait : "Deviens ce que tu es". Et moi je l’ai paraphrasé en disant "Par le travail théâtrale, développe ce que tu es". Que ce soit dans un cours amateur ou professionnel, on se rend compte que c’est de l’amniotique, c’est à dire que l’on fait accoucher les gens de quelque chose. On ne leur montre pas ce qu’il faut faire, on leur montre ce dont ils sont capables, et je pense que c’est dommage qu’à l’école primaire  ou au collège, en plus de la musique ou des arts plastiques, qu’il n’y ait pas des cours d’expression , alors pas forcément du théâtre, mais en tout cas des cours de prise de parole en public, apprendre à gérer une scène, un auditoire etc. Il m’arrive que l’on fasse appel à moi dans le cadre de formation en entreprise, les personnes qui on des hauts postes et qui sont incapables de communiquer ! Alors qu’ils ont un savoir très performant dans leurs domaines, mais tout à coup ce savoir là est pollué ou phagocyté par un manque d’expression.

HV : Vous êtes aussi spécialiste de l’improvisation, thème que l’on a peut abordé, et…

GG : Pardon, un des spécialistes !

HV : Un des spécialistes de l’improvisation. Donc je vais vous demander de faire un petit exercice d’impro…

GG : Bien sûr, d’accord…

HV : Je vais vous donner deux situations, et vous allez devoir improviser là dessus !

GG : D’accord…

HV : Voici le premier pitch."Vous rentrez chez vous et là, en haut des escaliers, est assise la reine d’Angleterre .Vous lui dîtes ?"

HV : Bah…Je lui dis hey ! Parce que je ne parle bien l’Anglais, j’essaye de l’emmener chez moi et de lui offrir mon lit en lui expliquant que ce n’est pas un lit royal.  Mais comme la reine d’Angleterre est quelqu’un d’important, je vais tout de suite appeler l’Ambassade en leur disant qu’elle est chez moi. Elle demande l’asile politique  parce qu’elle a été virée d’Angleterre à cause d’une révolution, et en fait je vais finir ma vie avec elle chez moi.

HV : Ok, très bien. Deuxième impro! Le président de la République François Hollande se trompe de numéro, et son appel arrive sur votre portable, et vous l’entendez vous dire “Général, appuyez sur le bouton !“ Que répondez-vous ?

GG : Alors je lui dis que je ne sais pas sur quel bouton appuyer, mais si c’est sur le bouton d’alarme de mon ascenseur, il est possible que je le fasse tout de suite parce que mon ascenseur  tombe souvent en panne, et je vais bien lui faire préciser qu’il s’appelle Hollande, et lui demander s’il a le téléphone d’Otis pour pouvoir réparer mon ascenseur.

HV : Ok, alors en ce moment je crois que vous tournez avec la pièce de Mathilda May ?

GG : Oui, on tourne avec la pièce qu'a mise en scène Mathilda May  qui s’appelle "Open Space" qui a été jouée une dizaine de fois à Suresnes que l’on reprend pour une quinzaine de représentations en tournée, et à priori, oui à priori, peut-être au théâtre du Rond-Point à la rentrée, et dans le même temps je joue dans " La ménagère Improvisée" avec Smaïn que j’ai mis en scène. J’ai Vincent Rocca en tournée, j'ai "Les fills Monkey"  qui sont deux batteurs de Rock que j’ai mis en scène dans un duel de  duo de batteries et qui sont en tournée, et j’ai plusieurs projets en cours…donc je suis bien occupé.

HV : Bien ! Avant de se quitter, sachez Monsieur Galliot qu’il y a désormais une tradition à Humanvibes qui veut que la personnalité interrogée précédemment dans le cadre "Des rencontres de Humanvibes" pose une question à la suivante .Donc voici la question qu’Emmanuel Delhomme critique littéraire et libraire a souhaité vous poser :

« Bonjour Monsieur Galliot, parlez moi du livre dans votre vie »

GG : Oh là, c’est très facile ! J’ai toujours un livre sur moi. Je pars le matin, j’ai forcément un livre dans ma poche, c’est mon compagnon. Je suis un mangeur de littérature, en ce moment je relis " Les enfants tristes"de Roger Nimier. Et je relis beaucoup les…

HV : Les classiques ?

GG : Enfin les classiques…Les auteurs comme Emmanuel Bove, Roger Nimier, Gide, toute cette époque des années 30-40 , et le livre fait partie de ma vie parce que c’est ma nourriture…

HV : Spirituelle?

GG : Oui, spirituelle, intellectuelle, je ne peux pas ne pas lire, comme je ne peux pas ne pas écrire. Je lis un à deux livres par semaine. En général je lis un roman et un essai, mais ne pas lire ce n’est pas possible, lire c’est mon oxygène.

HV : Très bien, merci Monsieur Galliot.

GG : Merci à vous Marc.

 

Dédicace de Gil Galliot pour Humanvibes sur le livre "Impro-improvisation & théâtre"- de Keith Johnstone aux éditions Ipanema

 

Propos recueillis par Humanvibes le 09/12/13

Gil Galliot comédien, auteur et metteur en scène de théâtre. Actuellement en tournée dans « Open Space » de  Mathilda May, spectacle qui sera de retour à Paris à la rentrée 2014.

 

Le Bal d'Ettore Sola version "Tes OK"- Official trailer - 1983

 

Robert Lamoureux - Le dernier de la classe

 

 

 

Marc / Humanvibes

 

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